Présentation

Thèse soutenue le 21/10/2015

Titre : Le Chimpanzé face à l’anthropisation de son habitat : conséquences sanitaires, comportementales, fonctionnelles et sociales

Résumé : 

L’anthropisation des milieux en région tropicale entraîne une fragmentation des habitats forestiers augmentant la proximité spatiale entre les primates non humains et les humains. La conservation d’espèces menacées, telles que le Chimpanzé, implique de mieux comprendre les interactions de cette espèce avec l’Homme. Les objectifs de cette thèse ont été (1) de déterminer les risques associés aux interactions hommes-chimpanzés et (2) d’évaluer les stratégies compensatoires mises en place par les chimpanzés en réponse à ces risques. Cette étude a été mise en place dans la zone de Sebitoli (Parc national de Kibale, Ouganda) où des perturbations d’origine anthropique - exploitation forestière, plantations exotiques, route bitumée, augmentation de la densité de population - sont apparues récemment et où le braconnage est fréquent. Une approche pluridisciplinaire a été privilégiée associant éthologie, écologie, ethnoécologie, médecine vétérinaire et morphologie fonctionnelle. Les chimpanzés subissent les effets de la proximité humaine sur leur santé : partage d’espèces de parasites dont Oesophagostomum spp., malformations congénitales et mutilations des membres par piégeage. Néanmoins, alors que les chimpanzés sont attirés par les aliments domestiques cultivés aux bordures, ces derniers prennent en compte la dangerosité potentielle liée à la proximité des hommes : vérification du trafic routier, comportement d’attente des mâles dominants envers les individus vulnérables lors de la traversée de la route, pillages des cultures la nuit ou en l’absence des agriculteurs. Par ailleurs, les chimpanzés avec des déformations des membres présentent une efficacité alimentaire comparable aux individus valides, ils ne sont pas isolés de leur groupe social et ils s’associent même préférentiellement avec certains individus. Ce travail a ainsi enrichi nos connaissances sur les caractéristiques comportementales, fonctionnelles et sociales de notre plus proche parent tout en explorant son potentiel de cohabitation avec les hommes et sa flexibilité face aux changements. Enfin, même si les villageois n’ont pas développé de ressentiment intense face aux chimpanzés pilleurs, une augmentation de la pression humaine, même minime, pourrait conduire à une exacerbation des conflits et à un impact majeur sur la survie des chimpanzés dans cette région.

Directeurs de thèse : 

Sabrina Krief, Maître de Conférences, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris - Directrice 

Emmanuelle Pouydebat, Maître de Conférences, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris - Co-directrice

Jury : 

Odile Petit, Directrice de Recherche, CNRS, Strasbourg - Rapporteuse 

Kristiaan D’Août, Maître de Conférences, Université de Liverpool, Liverpool - Rapporteur 

Pascaline Le Gouar, Maître de Conférences, Université de Rennes 1, Rennes - Examinatrice 

Serge Bahuchet, Professeur, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris - Examinateur 

Ermanno Candolfi, Professeur, Faculté de Médecine de Strasbourg, Strasbourg - Examinateur 

Doyle McKey, Professeur, CIRAD, Montpellier - Examinateur