LEVAIN Alix

Recherches actuelles :

Post-doctorante à l’INRA 
Enquêtes en cours sur les transformations de l’agriculture dans les socio-écosystèmes littoraux (Bretagne) 
Experte missionnée et coordinatrice du groupe « Sciences humaines et sociales » de l’expertise scientifique collective « Eutrophisation » 
Avec Florence Revelin : Coordination du module d’école doctorale « Les sciences sociales au Muséum : problématiques, pratiques et ressources pour réussir sa thèse » 
Avec Hélène Artaud et Frédérique Chlous : Coordination du séminaire « Maritimités »

Thèse soutenue le 20/05/2014

Vivre avec l’algue verte : médiations, épreuves et signes 

Résumé
Aborder les crises et les changements environnementaux sous l’angle de l’expérience de ceux qui y sont confrontés permet de prendre la mesure de ce qui est en jeu dans les processus contemporains d’écologisation. L’expérience écologique engage en effet des observations expertes et profanes sur le monde naturel, de plus en plus instrumentées par les sciences et les techniques et qui se construisent à différentes échelles. Mais elle est aussi expérience sociale, en ce qu’elle oblige à penser ce qui, dans notre regard et dans celui des autres, se trouve interrogé par la formulation désormais principalement problématique des relations de l’homme avec les milieux qu’il habite et transforme. L’enquête ethnographique permet d’explorer simultanément ces deux dimensions indissociables d’une expérience problématique.

Cette thèse explore les modes de prise en compte et de prise en charge des évolutions de l’environnement littoral, à partir d’une analyse de l’émergence de l’eutrophisation accélérée des milieux aquatiques, considérée aujourd’hui comme un problème écologique majeur à l’échelle mondiale. Elle s’appuie sur le cas des proliférations d’algues vertes, observées sur une partie du littoral breton depuis les années 1970 et directement reliées à l’intensification de l’élevage dans la région. Axe majeur du développement régional et fer de lance de l’agriculture française, le « modèle breton » est en effet à l’origine d’un enrichissement massif des eaux des rivières et des eaux côtières en nutriments.

La thèse rend compte de la complexité de cette expérience vécue, montre les modes pluriels d’existence des marées vertes en tant que phénomène et en tant que problème public. A partir du comportement problématique des algues, compagnes indésirables de la modernité, ce sont les transformations et le devenir d’une société qui se trouvent interrogés et réévalués, au travers de la mutation douloureuse de ses rapports avec les êtres vivants environnants. Dans une perspective socio-anthropologique, la thèse s’attache de ce fait à décrire comment le phénomène est questionné, interprété, enrôlé. Elle analyse la façon dont se construisent les articulations et les médiations qui permettent de donner sens au désordre et aboutit à une proposition de relecture de l’écologisation comme expérience située et réflexive.

Mots clés :
socio-anthropologie ; ethnographie ; pragmatisme ; algues vertes ; pollutions agricoles ; eutrophisation ; gestion côtière ; écologisation ; modernité ; problème public ; médiations ; Bretagne ; France.

Directeurs :
Marie Roué, directrice de recherche au CNRS, anthropologue 
Marc Barbier, directeur de recherche à l’INRA, sociologue

Jury :
Christian Deverre, directeur de recherche à l’INRA, sociologue (rapporteur). 
Catherine Larrère, professeur de philosophie à l’Université Paris 1 (rapporteur). 
Bernard Chevassus-au-Louis, inspecteur général de l’agriculture, biologiste (examinateur). 
Sergio Dalla Bernardina, professeur d’ethnologie à l’Université de Bretagne occidentale (examinateur).

École doctorale :
Sciences de la Nature et de l’Homme, MNHN, Dirs. Marie Roué (équipe anthropologie de la conservation) et Marc Barbier (INRA - départements SAD-SAE2 - équipe Sciences en Société)

Participation à une ANR, financements extérieurs : 
Coordinatrice du projet Paroles et chemins de l’agriculture littorale (Financements : Fondation de France, Région Bretagne et Institut National de la Recherche Agronomique)

Publications récentes (et/ou sous presse) : 
Levain A. A paraître (2017). « Ecrire, penser et contrôler les marées vertes dans l’espace institutionnel local : les délibérations communales comme source ethno-historique ». In : Lamy J. et Roy R. Anthropologie historique de la nature. Presses Universitaires de Rennes. 
Levain, A. (2016). « Une épreuve médiatique ? Les éleveurs bretons et les marées vertes ». Etudes rurales, (2), 171-194.

Bibliographie

Levain A. (2016). « L’élu local, fragile médiateur face aux crises environnementales ». In : Droit et gestion des collectivités territoriales 2016. Editions du Moniteur /GRALE : 679-696.
Garineaud C., Levain A., Dumez R., Feunteun E. (2016). « Le caillou, le champ et la forêt : représentations et appropriations des espaces par les goémoniers dans le Finistère. ». In : Melin H. et Robert S. (coord.) Habiter le littoral. Enjeux écologiques et humains contemporains : 125-139.
Levain A., Vertès F., Ruiz L., Delaby L., Gascuel C., Barbier M. (2015). « ’ I am an intensive guy’ : the possibility and conditions of a reconciliation through the ecological intensification framework ». Environmental Management, 56:1184–1198.
Steyaert P., Barbier M., Cerf M., Levain A., Loconto A. (2015). « Role of intermediation in the management of complex sociotechnical transitions », in B. Elzen, A. Augustyn, M. Barbier, B. van Mierlo (Eds). AgroEcological Transitions. Changes and Breakthroughs in the Making, Publié en ligne par Wageningen University Research.
Levain A. 2014. « Pour innover, vivons cachés ? Ce que c’est que d’être pilote ». In : Gascuel C., Ruiz L. et Vertès F. (dir.), Comment réconcilier agriculture et littoral ? Pour une agroécologie des territoires. Quae : 103-135.
Levain A. (2013). « Faire face aux marées vertes, penser les crises du vivant », Ethnographiques.org, n°27, décembre 2013.
Communications orales : Levain A. 2016. « Quelles politiques de la connaissance face à la complexité des changements environnementaux ? Le cas des pollutions aquatiques ». Séminaire Quelles nouvelles approches de l’incertitude pour la gestion des forêts et de leur biodiversité ? du programme de recherche Biodiversité, gestion forestière et politiques publiques (BGF). Paris, 16 novembre 2016.
Levain A. 2016. « Discriminer ou incriminer ? L’identification des espèces d’algues impliquées dans les marées vertes, entre contraintes cognitives et luttes politiques ». Séminaire Maritimités, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, 25 octobre 2016.
Levain A. 2016. « Vivre avec l’algue verte : médiations, épreuves et signes » (conférencière invitée suite à l’attribution du prix Pierre Massé par la Société Hydrotechnique de France). Doctoriales en sciences sociales de l’eau, Institut Montpelliérain de l’eau et de l’environnement. Montpellier, 17 juin 2016.
Laval P. et Levain A. 2016. « Jusqu’où va la mer ? Une exploration des marges de l’anthropologie maritime ». Colloque international Des mers, des lectures anthropologiques. Muséum National d’Histoire Naturelle. Paris, 8 et 9 juin 2016.
Levain A. , Joly P.-B., Barbier M., Cardon V., Dedieu F., Pellissier F. 2015. « Continuous discontinuation. The DDT ban revisited ». 6th International Sustainability Transitions Conference, Sustainability Transitions and Wider Transformative Change : Historical Roots and Future Pathways. Brighton, 25-28 août 2015.
Barataud F., Levain A. , Hellec F., Petit S., Trévisan D. 2015. « Nager en eaux troubles. Retour sur un projet de recherche traitant des rapports entre agriculture et qualité de l’eau ». Colloque Chercheur.es et acteur.es de la participation : Liaisons dangereuses et relations fructueuses. Paris, 29 et 30 janvier 2015.