Les tutelles
CNRS-MNHN-Université de Paris
ARTAUD Hélène
Thème interdisciplinaire de recherche
Anthropologie maritime • Anthropologie des sens et perception de l’environnement • Savoirs locaux : contenus épistémologiques et enjeux politiques • Histoire environnementale
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Hélène Artaud est dorénavant affectée à l’UMR 208 PALOC « Patrimoines locaux, Environnement et Globalisation » au Muséum national d'histoire naturelle.
Suivre ce lien: Hélène Artaud / Patrimoines locaux, Environnement et Globalisation.
Hélène Artaud est docteure en anthropologie sociale de l’EHESS, maître de conférences au Muséum national d’Histoire naturelle dans l’UMR 7206, éco-anthropologie et ethnobiologie. Responsable du Master 1, EDTS, Anthropologie de l’Environnement, elle dispense des enseignements autour de l’anthropologie maritime et de l’anthropologie de la nature. Ses recherches explorent la variété des formes d’interactions des sociétés humaines avec le milieu maritime, en insistant plus particulièrement sur leurs fondements sensibles et épistémologiques, ainsi que leur devenir et transformations dans le cadre des Aires Marines Protégées. Responsable depuis 2013 du projet comparatif « Une étude comparative des savoirs et perceptions locales des zones coralliennes incluses dans les territoires maritimes français », Collège de France/Fondation de France, elle s’intéresse aux soubassements affectifs des politiques de conservation de la nature, particulièrement celles portant sur les espèces animales.
Thèmes de recherche
• Anthropologie maritime • Anthropologie des sens et perception de l’environnement • Savoirs locaux : contenus épistémologiques et enjeux politiques • Histoire environnementale
Bibliographie indicative
Ouvrages
2018 Poïétique des flots : une anthropologie sensible de la mer dans le Banc d’Arguin (Mauritanie), Pétra, coll. Univers sensoriels et sciences sociales, Paris.
H. Artaud et A. Surrallés (eds.) The Sea Within : Marine tenure and cosmopolitical debates. Copenhague : IWGIA.
2017 H. Artaud et A. Surrallés (eds.) Mar adentro. Tenencia marina y debates cosmopolíticos. Copenhague : IWGIA.
2013 H. Artaud (ed.) Leurrer la nature, Cahiers d’Anthropologie Sociale, numéro 9, L’Herne, Paris
Articles de revues à comité de lecture
(À paraître, juin 2018) “Introduction à l’anthropologie maritime”, dossier, Revue d’ethnoécologie, 13.
(À paraître) « "Ordres", nomadismes et savoirs techniques parmi les communautés Imrâgen (Mauritanie) : les résonances océaniques de l’œuvre de Pierre Bonte. » acte du colloque international d’hommage à Pierre Bonte L’anthropologie en partage. Autour de l’œuvre de Pierre Bonte, Collège de France 19-20 janvier, co-édition entre le Centre Jacques Berque de Rabat et Karthala
2016 « Spelling out the sensations : Reflections on the ways in which the natural environment can infiltrate meaning-making », M.L. Gélard and O.Sirost (eds), Contemporary French Sensory Ethnography, Senses and Society (11/3), pp. 21, 40. « Autochtonie(s) et sociétés contemporaines. La diversité culturelle, entre division et cohésion sociale » N.Belaidi, F.Alvarez-Pereyre, J-D. Wahiche, H. Artaud,, Revue Droit et Cultures, Revue internationale interdisciplinaire, 72 2016-2, pp 43-76.
2014 « De l’“efficacité” symbolique des interdits à leur fonctionalité écologique. Variations sur le “tabou” en milieux maritimes », S.Bahuchet et M.Roué (eds.), Anthropologie de la conservation, Revue d’ethnoécologie, 6
2013 « Introduction », in H. Artaud (ed.) Leurrer la nature, Cahiers d’Anthropologie Sociale, L’Herne, Paris, numéro 9, L’Herne
« La mer à fleur de sens : De la mètis maritime à quelques invariants sur le leurre », in H. Artaud (ed.) Leurrer la nature, Cahiers d’Anthropologie Sociale, L’Herne, Paris, numéro 9, L’Herne, pp. 142-155.
2012 « Sobre una antropologia sensible del mar », in « dret internacional i territoris indigenes », coord. M.Martinez Mauri et M.Aparicio, Quaderns-e de l’ICA, numéro 17 (1), pp.91-103
« Mer partagée, part maudite. La fabrique rituelle d’un horizon maritime : mer et sacré chez les pêcheurs Imrâgen (Mauritanie) » in C. Picard (ed.) La mer et le sacré dans le monde musulman, Revue des Mondes Musulmans et de la Méditerranée (REMMM), n°130, pp. 53-70
2010 « La mémoire en « ressac ». Histoires, identités et savoir naturaliste imrâgen : Rupture ou continuité ? » in P.Bonte et S.Boulay (eds.) La Mauritanie contemporaine : enjeux de mémoire et nouvelles identités, The Maghreb Review, 35 (1-2) pp. 108-125
Articles de livre
2017 « Introducción », in H.Artaud et A.Surrallés (eds.) Mar adentro. Tenencia marina y debates cosmopolíticos. Copenhague : IWGIA, pp.13-26.
« Una lectura sensible del mar : eco-estesia y toponimia marina de las comunidades de pescadores Imrâgen del Banco de Arguin, Mauritania. », in H.Artaud et A.Surrallés (eds.) Mar adentro. Tenencia marina y debates cosmopolíticos. Copenhague : IWGIA pp : 49-70.
2011 « Une éthique amrig de la conservation a-t-elle existé ? Relecture de l’écologie traditionnelle des pêcheurs Imrâgen à la lumière des textes de R.E.Johannes » in S. Boulay et B. Lecoquiere (eds.) Le littoral mauritanien à l’aube du XXIe siècle : nouvelle mobilités, gouvernance de la nature et dynamiques socio-culturelles, Paris, Karthala, pp. 235-252
Enseignement et valorisation
ANTHROPOLOGIE DE LA MER : Variétés et similitudes des formes d’interactions avec le milieu maritime.
Orientations :
N’y a-t-il pas une certaine étrangeté à parler d’anthropologie maritime ? En quoi la mer peut-elle constituer un objet anthropologique ? Et comment des contrastes culturels pourraient-ils y affleurer ? Poser naïvement la question de l’énoncé de ce séminaire constitue une entrée fructueuse. La mer : cet espace indifférencié, « veuf de routes » (Detienne, 1974 : 275), « irrémédiablement sauvage » (Corbin, 2010 :75), semble bien en effet résister à toute empreinte anthropique et rétive à toute forme de « domestication ». De nombreux exemples nous démontrent pourtant le contraire, et les différentes revendications, qui s’élèvent de part et d’autres du globe ces dernières décennies en faveur de la reconnaissance de droits autochtones sur la mer, incitent à nous demander plus précisément ce qui en définit l’appropriation. Notre cours se propose d’y réfléchir en mettant en évidence, par la mobilisation d’exemples ethnographiques précis, la variété des savoirs et des usages que la mer suscite ainsi que leurs transformations, sous la pression d’enjeux contemporains divers (émergence d’un droit de la mer, prospections offshore, création d’espaces maritimes protégés).
Cette réflexion n’est pas marginale. Elle s’inscrit dans un ensemble plus vaste de travaux, dont l’objectif a consisté à comprendre les façons dont milieux maritimes et structures sociales interagissent. Regroupé sous le titre « d’anthropologie maritime », ce « sous-champ disciplinaire » (Breton, 1981), depuis près d’un demi siècle qu’il existe, ne constitue toutefois pas un bloc de questionnements et de perspectives homogènes. Quoique son objet soit commun : la mer, l’anthropologie maritime a été traversée par des impulsions théoriques diverses, et contient des recherches d’une grande amplitude, dont il est important à l’occasion de ce cours de relever les singularités. La perspective technologique, ou socio-économique portée sur les sociétés de pêcheurs diffère de celle, particulièrement vivace ces dernières décennies, qui consiste à comprendre de l’intérieur les perceptions locales (épistémologiques, symboliques et rituelles) associées à la mer. Cette variété de lectures, qui illustre bien la nécessité pour décrire la mer d’en faire apparaître « la vie multiple » (Giono), indique également beaucoup de la façon dont la pensée anthropologique évolue en direction d’un objet sur lequel s’était adossée sa réflexion, et qu’elle tend désormais à investir : la « nature ». Notre examen aura donc une dimension critique et réflexive notable.
Objectifs et méthodologie :
L’objectif de ce cours est donc de donner un aperçu suggestif de la variété des perceptions, savoirs et usages de la mer dans des aires géographiques et culturelles variables. Pour y répondre, nous avons défini quelques « entrées ». Ces entrées circonscrivent des champs d’analyse communs à l’ensemble des sociétés maritimes et permettent de mettre en évidence, dans l’extraordinaire diversité de réponses locales, des similitudes. Elles portent sur : La tenure maritime : la variété des modes d’appropriation de l’espace maritime, la nature et la labilité des frontières qui le circonscrivent (I)
L’ethno-ichtyologie : la variété des modes de connaissance que l’on peut avoir de la faune et flore marines, des façons de découper et d’en classer les existants (II)
Les interdits et croyances associés à la mer : la variété de leurs formes et de leurs objets, la façon dont ils structurent les relations sociales et écologiques (III)
L’étroite coïncidence entre savoirs sensibles et appréhension du milieu maritime, et la convergence des réflexions menées par l’anthropologie de la mer et l’anthropologie des sens (IV) :
Notre réflexion se situera à l’intersection de trois champs théoriques : Celui de l’anthropologie de la nature, en y introduisant une réflexion qui y a toujours été occultée : l’anthropologie de cette « nature », sans doute la plus méconnue et la moins aisément domesticable, qu’est la mer.
Celui de l’anthropologie de la conservation, en nous penchant sur les problématiques globales, liées à la conservation de la biodiversité marine, à la compatibilité des savoirs locaux et des politiques de gestion de la nature. À ce titre, nous adopterons un regard critique sur l’émergence des catégories de « savoirs locaux », et la volonté d’incorporer des modes de gestion coutumière des ressources à des modèles institutionnels de gouvernance de la nature.
Celui de l’anthropologie des sens et du corps, en nous interrogeant sur la transmission des pratiques sensibles et les difficultés qui en résultent pour l’enquête anthropologique.